Pour un monde "8" fois meilleur
En 2000, les Nations-Unies ont énoncé 8 objectifs du millénaire pour le développement mondial à atteindre en 2015. Une campagne spéciale a été lancée pour sensibiliser les français à ces objectifs. Le film 8 en fait partie.
Huit, c’est le nombre d’Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD) fixés en septembre 2000 à New-York au siège des Nations-Unies. L’ONU s’est donnée 15 ans pour diminuer de moitié la pauvreté dans le monde. 191 nations ont ainsi pris le pari de restreindre considérablement la mortalité infantile, la propagation des maladies, ou encore de contribuer à l’accès à l’éducation, à l’égalité des sexes ou à une gestion durable de l’environnement. Le Huitième objectif est la clé de voûte des 7 premiers : créer un partenariat mondial.
Pourtant voilà, en 2007, et donc à mi-parcours du projet, les français se révèlent les européens les moins informés. OMD… personne ne connaît. Une campagne spécifique se met donc en place, nommée « Huit fois Oui ».
Expositions itinérantes, sensibilisation dans les écoles, les français doivent comprendre pour pouvoir agir et « assurer un rôle de vigilance et de pression ». C’est dans ce cadre qu’un projet inédit voit le jour en 2009. Après cinq années de tournage, et un budget de 4 millions d’euros, le film « 8 » sort sur les écrans.
Il s’agit en fait d’un film collectif composé de huit courts métrages (de 8 à 15 minutes chacun). Derrière chacun d’entre eux, un réalisateur de renom des quatre coins du globe. A. Sissako s’attaque à la pauvreté et la faim, Gus Van Sant à la mortalité infantile, Gaspar Noé au Sida, ou encore Jane Campion à la cause environnementale.
Ce collectif s’est réuni autour de Lissandra Haulica et Marc Obéron de LDM Productions , garants de l’indépendance du film et de la liberté des réalisateurs. Chacun d’entre eux devait choisir un OMD et s’inspirer d’une réalité. Le projet étant de « sensibiliser l’opinion publique à l’existence de cette campagne et à la nécessité d’agir. Ce film est également destiné aux politiques afin qu’ils n’oublient pas leurs engagements ».
Jane Campion, pour the water diary, a ainsi fait tourner sa fille Alice. « J’avais envie de mettre « ma » chair dans cette belle aventure. En Nouvelle-Zélande, où j’ai grandi, j’ai été habituée à contempler une nature sauvage, riche et généreuse, rebelle. J’avais l’impression qu’elle serait toujours ainsi. Les années prouvent que j’avais tord »*. Le résultat est à la hauteur. Jane Campion signe un véritable « poème à l’environnement »**, sélectionné au Festival de Cannes 2007. A ses côtés sur la croisette, le court métrage de Gaspar Noé, pour qui, si le cinéma ne peux rendre le monde meilleur, il peut déjà le rendre « plus conscient ».
Enfin, « 5 », c’est le nombre d’années qu’il reste pour respecter ces engagements, « Le temps presse ». Le film "8" est donc en ligne, pour « voir, réagir et agir ».
Ban Ki-Moon, le secrétaire des Nations-Unies a d’ores et déjà appelé à « ne pas décevoir les milliards de personnes qui attendent de la communauté internationale qu’elle réalise les engagements pris dans la Déclaration du Millénaire pour un monde meilleur ». Il a ainsi convoqué une réunion de haut niveau du 20 au 22 septembre prochains. « Notre monde possède les connaissances et les ressources nécessaires à la réalisation des OMD ». Ne pas atteindre ces objectifs « serait un échec moral et pratique inacceptable ».
A signaler : Un livre sur le même concept, Huit Nouvelles, édité chez Calmann Levy.
*Confidences de Jane Campion pour Elle en octobre 2006.
** Titre du journal Suisse Le Temps en Mars 2006.