Le 13 novembre, on dit bonjour à la dame !

Publié le par Pauline

C’est aujourd’hui la journée mondiale de la gentillesse. Pour la deuxième année consécutive, cette date s’ajoute à la longue liste des journées mondiales célébrées en France (190 selon le site d’information slate.fr). Si son utilité est contestable et pourrait en faire bouillir certains, c’est l’occasion de s’intéresser au sens de cette action. Etre gentil, ça veut dire quoi au fait ? J’ai demandé leur avis aux lecteurs de ce blog sur le sujet.


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A quelques semaines du passage du père noël, la question est dans toutes les bouches : « as-tu été gentil cette année ? » Alors voilà, on nous fait miroiter depuis des années la gentillesse comme une monnaie d’échange pour obtenir nos cadeaux les plus fous. Et puis un jour, la gentillesse n’est plus ce qu’elle était…  « C’est le sentiment qui fait gonfler son ego et qui justifie que vous attendiez énormément des gens avec qui vous estimez l’avoir été ».L’échange n’a plus rien de miraculeux… 

« Etre gentil c’est faire attention et penser aux autres sans attendre de retour. Je l’applique souvent sous la forme ‘trop bon, trop con’ ». « Gentil » n’est donc plus du tout un compliment, et devient presque synonyme de niais, bête ou naïf. Un enfant gentil, c’est bien ; un adulte gentil, c’est… souvent négatif.  C’est même souvent le seul compliment qui vient à l’esprit pour décrire ceux dont on ne trouve aucune qualité.


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Amabilité, délicatesse, bienveillance, complaisance sont pourtant les synonymes qui reviennent le plus souvent pour décrire la gentillesse. Etre gentil c’est  « être serviable »,  « être à l’écoute, compréhensif », « prendre la défense d’autrui», « faire des compliments quand on les pense », « être poli en acte », « ce sont les actions, attentions, mots, et présence qui peuvent apporter un petit plus aux gens ». 

Un sens variable donc et une utilité qui divise tout autant.

Il y a d’abord ceux pour qui la gentillesse ne «sert à rien », elle doit être « spontanée et pas sur demande », « spontanée, sans calcul et sans attente. Surtout pas de  ‘si je suis gentil, j’aurai quelque chose en retour ‘ ».

Il y a ensuite ceux qui voient dans la gentillesse une utilité personnelle et « intéressée ». Elle servirait à « espérer ne pas subir de dommage de la part d’un dominant », à « limiter la violence faite à son individualité » ou encore «  à justifier toutes les fois où vous serez méchant dans l’avenir ».  

Et de l’utilité égoïste à l’utilité sociale il n’y a qu’un pas. Etre gentil servirait à « être aimé en retour », à « avoir des amis », à « rendre le monde plus doux » ou permettrait de « fluidifier les rapports sociaux par un calcul gagnant/gagnant ».


 

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Et c’est bien ce « lien social » que vise à renforcer cette journée  mondiale  de la gentillesse. 

Le mouvement est né au Japon dans les années 1960 lorsque de violentes altercations ont opposés étudiants et policiers à l’université de Tokyo. Le président de l’université a proposé d’y faire face en proposant que chacun fasse preuve de petites attentions au quotidien pour  inonder le campus, la ville puis le pays de gentillesse. Le « mouvement de la petite gentillesse » est né, et est devenu en 1997 le « World Kindness Movement » avec une quinzaine de pays membres. La France adhère en 2009.

Cocorico, nous passons du côté des « gentils » ! Soulagement… ou inquiétude ? Le pays souffrirait-t-il d’une perte de lien social qui justifierait une journée au nom de cette nouvelle cause perdue ? 


L’anthropologue Marcel Mauss s’est penché sur la place du don dans la structure des sociétés. Il crée bel et bien du lien social, et ce, notamment car il est accompagné de l’obligation de recevoir et de rendre. Un autre spécialiste, Stefan Einhorn, cancérologue suédois, a récemment publié « l’Art d’être bon. Oser la gentillesse ».  Pour lui, la gentillesse se définit par trois phases de « critique constructive » : elle a lieu en privé, est formulée dans l’espoir de faire évoluer le comportement du destinataire, et est énoncée avec sympathie. Le magazine Psychological Science (2001)  va même plus loin : être gentil diminuerait le stress et aurait des effets positifs sur la santé, et notamment sur le cœur.

Mais attention souligne Stefan Einhorn,  « il n’est pas si facile d’être gentil : cela requiert d’avoir un bon jugement, de la sagesse, d’être intègre et courageux. Car être gentil ne signifie pas acquiescer à tout ou se laisser faire [….] Il ne faut être ni faible, ni stupide. C’est un vrai défi d’être gentil ! ».


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Et quel défi ! Un site internet propose pour les méchants stressés en manque d’imagination des idées gentilles… à ne tester qu’en ce 13 novembre bien sûr, question de spontanéité !

Les lecteurs des vertes et des pas mûres eux, n’ont pas attendu cette journée pour lâcher prise et oser la gentillesse...


« Mercredi dernier j’ai fais une tarte chèvre épinard. J’avais promis cette tarte pour séduire une fille. Je voulais la quitter en honorant ma promesse. »


 « Il y a quelques minutes, j’ai fait suivre une annonce de boulot à quelqu’un qui n’est pas vraiment mon meilleur ami !»


« Dimanche : invitée dans la maison d’un pote, on a été une trentaine de zouaves à faire la teuf toute la nuit et à danser sur la table… Le lendemain, tout le monde s’est défilé pour nettoyer la table qui avait été décrétée irrécupérable par certains. Malgré ma gueule de bois, j’ai dit que je m’en chargeais, et au bout de 30minutes, elle était comme neuve. Mon pote, le propriétaire des lieux, m’a dit qu’il m’en était extrêmement reconnaissant. Ça m’a fait plaisir ! »


« Le weekend dernier quand je suis passé au tabac j’en ai pris pour mes colocataires sans savoir s’il y en avait besoin. »

 

Un grand merci à mes "gentils" lecteurs qui ont bien voulu nous faire partager leurs avis ! Pour ceux qui veulent participer aux prochains sujet, pensez à vous inscrire à la Newsletter.

Publié dans Langues vertes

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