Agriculture urbaine

Publié le par Pauline

Remplacer une tondeuse par une chèvre. L’idée a de quoi faire sourire. Pourtant, l’initiative voit le jour un peu partout en France et en Europe. Effet de mode ou non, municipalités, particuliers et entreprises se mobilisent et investissent dans le bétail.


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Mouton ou vache, âne ou chèvre ? Les ruminants ont ceci de particuliers qu’ils broutent et débroussaillent leurs pâturages. Pourquoi alors, ne pas les utiliser pour entretenir les jardins des villes ? C’est l’idée sur laquelle a parié la mairie de Turin. Après avoir confié ses pelouses à des vaches, ce sont finalement les moutons, aux excréments plus discrets, qui ont été retenus pour entretenir  les espaces verts de la ville.  Non bruyants, non polluants, la ville a redécouvert les vertus agricoles et intestinales des ovins. Leur crottin nourrit la terre, leurs piétinements ralentissent la repousse, leur présence urbaine éveille la curiosité des passants, le tout donne à réfléchir sur ce qui lie milieux urbains et ruraux.


Mais quand la ferme s’invite en ville, les raisons économiques ne sont pas loin. Bio, les tondeuses à quatre pattes n’en sont pas moins rentables. A Turin, ce sont 30 000 euros qui ont été économisés depuis l’introduction des « transhumances urbaines ».  Et écologie ne rime pas qu’avec économie. Les tondeuses écolos sont également de plus en plus utilisées par les entreprises pour reverdir leur image auprès du public. Quand certains replantent des arbres pour compenser leur bilan carbone, d’autres mettent les animaux en pâture. En Californie, le géant Google a ainsi loué 200 chèvres pour « éliminer les mauvaises herbes et les broussailles » de son campus de Montain View.


Du sur mesure donc… Au sud de Paris, à Limeil-Brévannes, J. Rossignol, le maire de la ville a quant à lui opté pour des lamas. Ils « entretiennent les pelouses de façon quand même plus sympathiques que les tondeuses ». La raison de la présence des sud américains ? Les lamas seraient plus exigeants que les chèvres dans le choix de leur nourriture. Des tondeuses bios donc, mais pas vraiment locales.

Communes et entreprises surfent donc sur la vague verte avec, comme discours de fond le rapport qualité prix et l'entretient de l'image publique. En bonus, une charmante compagnie. Dans l’air du temps…

 

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Associations écologistes et particuliers se sont également engouffrés dans ce retour au vert. Les éleveurs prennent en charge les animaux à l’année, s’occupent de leur bien être et de leur santé. Puis, ils louent leurs charmantes bêtes à ceux qui par manque de place, de temps, de compétence ou d’argent, veulent prendre soin de leurs espaces verts.


Près de Lyon, l’association Naturama loue des moutons écossais. Si l’exploitation de leur laine ou de leur lait s’avère peu rentable, celle de leur estomac l’est beaucoup plus. En deux semaines, quatre moutons suffisent à la tonte de 2000 mètres carrés.


A Bousbecque dans le Nord, Marjorie Deruwez convainc, quant à elle, les effrayés des grosses bêtes. Elle élève et propose à la location mini poneys, moutons d’Ouessant, chèvres naines, ou encore minis vaches ou ânes.  Avec le projet Ecozoone, à chaque terrain correspond une « minis tondeuse ». L’éleveuse aimerait également voir ses animaux s’attaquer aux terrains des entreprises, aux friches industrielles et aux chemins de randonnées, où le « passage d’un troupeau qui viendrait piétiner les herbes » serait suffisant à l’entretien.


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Dans le Morbihan, à Séglien, deux écossais vont également se lancer dans l’aventure. Après avoir tenté l’expérience chez eux avec des cochons qui « labourent le sol quand ils cherchent à manger », le couple louera finalement des chèvres à la semaine.

 

Enfin, dans les Alpes maritimes et dans les pyrénées orientales, les associations Ânestérel et Boulz-ânes ont parié sur « l’âne débrousailleur ». Pour Nicolas Turiaf, fondateur d’ânestérel et pompier volontaire, c’est une manière efficace de lutter contre les friches et donc les incendies qui ravagent le sud de la France. « La meilleure solution pour protéger les habitations, c’est le débroussaillage. Mais beaucoup de gens ne le font pas car c’est trop coûteux.  J’ai retenu l’âne car il mange 80% des végétaux qui poussent dans notre région, il respecte les clôtures, il ne s’attaque pas aux arbres et il peut passer quasiment partout, là où on ne tiendrait pas debout avec une débrousailleuse. »

Publié dans Ecolobuzz

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